Les 17 premiers détenus parmi les 100 narcotrafiquants particulièrement dangereux que doit accueillir le quartier haute sécurité de la prison de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) sont arrivés mardi. Le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, a annoncé cette première vague de transferts vers ce centre pénitentiaire situé près de Lens.
Sept fourgons blancs de l'administration pénitentiaire sont arrivés en fin de matinée, escortés par des motards de la gendarmerie nationale jusqu'à l'entrée de la prison, a constaté l'AFP. Ce centre pénitentiaire est le premier à avoir été choisi pour accueillir les narcotrafiquants « les plus dangereux » du pays.
Deuxième quartier en octobre
Un deuxième quartier de haute sécurité doit entrer en fonctions à la mi-octobre à la prison de Condé-sur-Sarthe (Orne). Au total, 200 détenus sont appelés à ętre incarcérés dans ces deux nouveaux quartiers de lutte contre la criminalité organisée.
Pour l'heure, la Chancellerie n'a pas donné plus de détails sur le profil exact des détenus. Selon David Lacroix, secrétaire local de FO Justice, ils viennent « de la région parisienne et du sud de l'Oise ».
Transferts depuis plusieurs régions
D'autres transferts sont prévus depuis « la région marseillaise, la région grenobloise » et les Antilles, a-t-il précisé. Au 31 juillet, une soixantaine de détenus devraient ętre arrivés « et les derniers devraient arriver pour la mi-septembre », a-t-il ajouté devant la prison.
Les transfèrements, qui ont mobilisé le GIGN et le Raid, se sont bien déroulés selon plusieurs responsables syndicaux. Brouilleurs de drone, de téléphone, fouilles obligatoires après chaque contact avec l'extérieur, promenades limitées à cinq et déplacements individuels : « leur quotidien va changer », a détaillé David Lacroix.
Profils à hauts moyens financiers
Selon Thomas Vaugrand, secrétaire général de l'Ufap-Unsa Justice Hauts-de-France, « ce sont tous des détenus avec des moyens financiers extérieurs assez importants, des moyens de continuer (...) leur trafic ou alors de commanditer des meurtres depuis leur cellule ». L'objectif du dispositif est d'« isoler ces profils, rendre étanche l'établissement avec l'extérieur ».
« On avait déjà affaire à de très gros profils. On est parti un cran au-dessus au niveau de la sécurité, mais on sait gérer ce type de profils », a affirmé un autre syndicaliste.
Détenus célèbres déjà présents
À Vendin sont déjà incarcérés Salah Abdeslam, condamné à la perpétuité incompressible pour les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis, et le braqueur multirécidiviste Rédoine Faïd qui s'est évadé déjà deux fois de prison. Le narcotrafiquant Mohamed Amra, dont l'évasion sanglante en mai 2024 a coûté la vie à deux agents pénitentiaires et qui est actuellement incarcéré à Condé-sur-Sarthe, devrait aussi y ętre transféré.
Il ne fait pas partie des premiers détenus arrivés mardi, selon David Lacroix. Plusieurs avocats ont déploré la difficulté à contester ce transfèrement et le choix des détenus soumis à ce régime carcéral renforcé.
Critiques sur la procédure
Un détenu convoqué pour un débat contradictoire il y a quelques jours en vue d'un éventuel placement dans l'un de ces quartiers a ainsi été « condamné pour un braquage, pas pour du trafic de stupéfiants », s'est insurgée son avocate Sophie Rey-Gascon auprès de l'AFP. Elle dénonce un « détournement » d'une procédure conçue pour empęcher des narcotrafiquants de continuer leurs activités depuis leur prison.
Le Syndicat de la magistrature (SM, classé à gauche) a lui aussi dénoncé « fermement la procédure de sélection des détenus transférables qui ne permet qu'un exercice factice des droits de la défense ». Ces premiers transfèrements « signent le retour officiel des quartiers +haute sécurité+, supprimés il y a plus de quarante ans pour leur inefficacité et leur nocivité », estime le syndicat.
Renforcement sécuritaire majeur
La prison de Vendin-le-Vieil, qui était déjà avec celle de Condé-sur-Sarthe l'une des deux prisons les plus sécurisées de France, a subi des travaux pour renforcer encore sa sécurité. La cour de promenade a été bétonnée pour empęcher la dissimulation d'objets.
Un portique à ondes millimétriques a été installé, des caillebotis ajoutés aux barreaux habituels des cellules et des trappes installées sur l'ensemble des portes pour pouvoir menotter les détenus avant qu'ils n'en sortent. Les parloirs ont été dotés d'hygiaphones, avec une vitre empęchant le contact physique entre détenus et visiteurs.
(AFP) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.