Rebecca Atkins, 25 ans, a candidaté à plus de 250 postes en deux ans sans succès. Cette situation illustre la crise que traversent les jeunes diplômés américains, confrontés au taux de chômage le plus élevé depuis plus de dix ans.
« C'était extręmement décourageant », explique la jeune femme, diplômée en droit en 2022. « J'ai été convaincue (par ces candidatures infructueuses) que j'étais une mauvaise personne et que je ne savais pas travailler », déplore-t-elle.
Chômage record chez les diplômés
Le taux de chômage des jeunes diplômés américains atteint 5,8 %, soit le niveau le plus élevé depuis novembre 2013, si l'on exclut la pandémie de Covid-19, selon les données officielles. Cette situation reste supérieure au taux de chômage global aux États-Unis, stabilisé entre 3,5 et 4 % après la pandémie.
Cette tendance inhabituelle ne fait qu'augmenter, selon les experts. Les analystes l'attribuent à un ralentissement cyclique de l'embauche post Covid-19, particulièrement dans les secteurs où les nouveaux diplômés sont nombreux : la tech, la finance et le commerce, ainsi qu'à l'incertitude économique générale née des premiers mois tumultueux de l'administration Trump.
Exigences d'expérience paradoxales
« Tous les emplois que je voulais, je n'avais pas les qualifications requises - souvent, les emplois de junior exigent quatre ou cinq ans d'expérience », regrette Rebecca Atkins. La jeune femme a oscillé entre des emplois à temps partiel et des jobs dans la restauration pendant des années.
Aux États-Unis, où les frais de scolarité sont très onéreux, le coût moyen d'une formation universitaire de premier cycle s'élève à 27.673 dollars par an, selon les données officielles. Les jeunes en recherche d'un premier emploi sont ainsi, le plus souvent, criblés de dettes.
Effondrement des offres d'emploi
Les offres d'emploi dans le domaine du service aux entreprises ont diminué de plus de 40 % depuis 2021, selon une étude rédigée par Matthew Martin, économiste pour Oxford Economics. Les emplois du secteur de la tech sont touchés de manière disproportionnée.
« On pourrait s'attendre à ce que les postes de cols blancs ne soient pas aussi exposés aux ralentissements cycliques » que les autres emplois, dit-il à l'AFP. « Il s'agit en partie d'un ralentissement du rythme des embauches, car les entreprises redimensionnent leurs effectifs après avoir embauché à des taux très élevés en 2022, mais l'on assiste également à l'effet de l'intelligence artificielle (IA) », poursuit-il.
Impact de l'incertitude politique
Selon Gregory Daco, économiste pour le cabinet de conseil EY-Parthenon, le ralentissement des embauches dans le secteur de la tech affecte de manière « disproportionnée » les jeunes diplômés. Cette situation résulte des changements profonds liés à la politique menée par le président Donald Trump depuis sa prise de pouvoir en janvier.
« L'expérience d'une incertitude extręmement élevée en ce qui concerne les politiques commerciales, fiscales ou autres de l'administration a poussé de nombreuses entreprises à potentiellement ralentir ou geler leurs embauches », dit-il. Il met toutefois en garde contre une conclusion hâtive sur l'impact de l'IA, soulignant que son déploiement reste limité dans la plupart des secteurs.
Prudence sur l'effet de l'IA
« La réalité est que beaucoup d'entreprises en sont encore aux premières étapes de l'adoption de ces nouvelles technologies, et je pense qu'il serait un peu prématuré de supposer que nous avons atteint un niveau d'utilisation (...) qui aurait un impact visible », nuance Gregory Daco. Cette analyse tempère les craintes d'une élimination massive des postes de début de carrière par l'intelligence artificielle.
Katie Bremer, 25 ans, a obtenu un double diplôme en science de l'environnement et en santé publique à l'American University de Washington en 2021. Il lui a fallu plus d'un an pour trouver un emploi à temps plein - qui n'est pas dans son domaine - et męme là, elle a dû compléter ses revenus en faisant du baby-sitting.
Génération face à l'impasse
« J'avais l'impression de travailler en permanence », explique-t-elle à l'AFP. « Face aux coûts de la vie, il semble impossible d'essayer de faire en sorte que son salaire suffise à payer toutes les étapes que l'on est censé franchir dans la vie d'un jeune adulte », témoigne-t-elle.
« Il y a eu des moments où je me suis demandée comment ma génération allait faire pour que cela fonctionne », déplore la jeune femme. Cette situation illustre les défis auxquels fait face toute une génération de diplômés américains dans un marché du travail en mutation.
(aha/vla/ph) Note : Cet article a été édité avec l'aide de l'Intelligence Artificielle.